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Reina  Alicia  Gabriela   Salazar

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    Reina était arrivée en Californie à l’âge de treize ans et parlait encore aujourd’hui dans un anglais souligné d’un accent hispanique plus ou moins prononcé, qu’elle ne se donnait plus la peine d’essayer de cacher. On lui avait dit un jour que, de toute façon, « on voyait à sa tête d’où elle venait » peu importe combien elle s’efforçait de reproduire une prononciation américaine. Elle racontait -à ceux qui demandaient- venir d’une petite ville du nom d’Ímuris, dans le nord du Mexique, mais se gardait toujours de divulguer d’autres informations, comme si l’idée d’aborder le sujet lui déplaisait. 

    Ce qui était fascinant avec Reina, c’est qu’il était impossible de la rater, et en même temps très simple de ne pas la remarquer; c’était elle qui en décidait. Son charme faisait d’elle une distraction facile pour le monde qui l’entourait, avec son sourire ravageur sur ses lèvres rouges vives, son nez retroussé, sa longue tignasse généralement bouclée et ses yeux verts étirés par un trait d’eye-liner, le tout sur une peau mate: voilà comment se présentait Reina aux yeux du monde, rayonnante, avenante, semblant déborder de confiance en elle. De quoi être une bonne amie, tout comme une redoutable ennemie. Elle était certes très emphatique, mais était aisément capable de faire  preuve  de  mani-

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pulation pour ses propres intérêts, tout comme elle était dotée d’un tempérament de feu dès lors qu’on l’attaquait. Toutefois, son principal atout résidait dans sa discrétion depuis son plus jeune âge. Silencieuse, délicate et furtive, elle était dotée d’un certain don pour se faufiler partout sans qu’on ne la remarque. Petite, elle profitait même de ce talent pour dérober quelques accessoires lors des marchés en plein air de la ville ou dans les boutiques de vêtements, que ce soit un ruban à nouer dans les cheveux, ou bien un bracelet, voire même un stick de rouge-à-lèvres qu’elle s’amusait ensuite à étaler sur sa bouche en contemplant son reflet dans les vitrines des magasins. Désormais, elle mettait sa discrétion à profit pour les missions que lui confiait son patron, parfois aussi pour espionner ceux qu’elle considérait comme des amis ou des rivaux. 

    Elle avait été élevée de sorte à développer sa ruse, et elle avait bénéficié d’un parcours scolaire plutôt remarquable pour une enfant sortie tout droit d’une petite ville pauvre. Son éducation s’était faite dans une école privée de Californie, payée par les soins de son tuteur, qui l’incitait à montrer tout son potentiel.

    En effet, Reina en avait. Et bien plus qu’on ne pouvait le penser. 

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INFORMATIONS GÉNÉRALES

Nom : Salazar (née Espinoza).

Prénoms : Reina Alicia Gabriela.

Âge : 21 ans.

Date de naissance : 15 octobre.

Signe astrologique: Balance.

Lieu de naissance : Ímuris, Sonora, Mexique.

Lieu de résidence : San Francisco, Californie, États-Unis.

Nationalité : Mexicano-américaine.

Occupation : Étudiante + membre d'un cartel.

Statut : En couple.

Taille : 1,64M.

Cheveux : Bruns foncés / noirs.

Yeux : Verts.

Famille : Salma Espinoza (mère, décédée), Jorge Espinoza (père, décédé), Rosa Maria Espinoza (petite-soeur, décédée avant la naissance), Carlos Salazar (tuteur légal, patron), Francisco "Chico" Salazar (petit-ami).

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    Affalée sur son lit une-place, Reina tentait tant bien que mal de bouquiner son livre de cours dont elle ne comprenait pas un traître mot. Les termes spécifiques se succédaient dans un ordre déroutant, rendant les phrases trop complexe pour le cerveau déjà bien trop distrait de Reina. Il faut dire aussi qu’elle ne faisait pas beaucoup d’efforts pour comprendre; la musique qu’elle avait lancée un peu plus tôt s’élevait à un niveau sonore élevé  dans la chambre étudiante, capable d’empêcher quiconque d’étudier. Elle referma le livre qu’elle tenait tendu au bout de ses bras au-dessus de sa tête, puis le replaça sur la petite table de chevet d’un geste nonchalant. Elle détestait devoir se coltiner ce diplôme en management qui ne l’intéressait pas, mais ce n’était pas comme si elle avait réellement son mot à dire. Carlos se fichait bien de savoir si elle aimait ses cours ou pas -l’important, c’était que ce soit utile. 

    Elle poussa un soupir et se redressa sur le matelas. Le soleil commençait à peine à tomber dans le ciel, à travers sa fenêtre pourvue de rideaux beiges. Très vite prise de culpabilité, elle se laissa retomber en arrière et, d’un geste machinal, reprit son bouquin d’étude. Même si elle n’était pas sûre que la deuxième tentative se révèle plus concluante, se savoir avec le livre dans les mains lui apaisait l’esprit; elle ne faisait pas rien. Ses épaules se mirent à se mouvoir inconsciemment, au rythme de la mélodie, tandis qu’elle répétait mainte et mainte fois la même phrase assommante dans sa tête. Pourquoi n’était-elle pas fichue d’apprendre tout ça en un claquement de doigts?

    La porte de la chambre s’ouvrit soudainement, et Reina fut aussitôt prise d’un sursaut, dégainant à la seconde suivante un petit canif à la lame tranchante de sous son oreiller. Son expression se détendit cependant en un bref instant lorsqu’elle réalisa que ce n’était que Chico, qui entrait dans la pièce en exposant les paumes de ses mains d’un air totalement innocent.

    « Tout doux, cariña, » fit-il en refermant la porte du bout du pied. « Pourquoi es-tu autant sur tes gardes? Tu attendais quelqu’un d’autre? »

    Il s’avança jusqu’au lit et resta figé debout, la tête baissée vers Reina. Celle-ci fit tourner son petit couteau entre ses doigts puis le dissimula à sa place d’origine, pour finalement baisser la musique, se redresser sur ses genoux et se déplacer jusqu’au jeune homme qui la dominait de toute sa hauteur. Une fois devant lui, il passa une main sur sa joue, son pouce caressant ses pommettes. 

    « Tu serais étonné de voir à quel point il y a des gens tordus ici, » lui répondit-elle. « Je devrais vraiment penser à toujours verrouiller cette porte. » 

    « Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu t’obstines à vouloir occuper une de ces chambres-là. C’est minuscule, presque crade et rempli de petits cons. Tu serais tellement mieux avec moi, mi Reina. » 

    Elle secoua la tête et passa ses bras autour des épaules du jeune homme. Il portait une chemise bleu marine à manches courtes, soigneusement rentrée dans son pantalon noir. Reina entreprit de lui ajuster son col.

    « Oh, voyons, vivre une vraie vie d’étudiant, c’est plutôt excitant. Être au coeur même du campus, dans le flot d’étudiants; c’est comme ça que c’est censé marcher l’université, Chico. »

    Il leva les yeux au ciel, comme si ce n’était que bêtises. Il n’était pas du genre à se mêler à n’importe qui, et la voir elle, sa Reina, occuper une chambre miteuse comme celle-là l’affligeait. Par-dessus la musique, on entendait d’ailleurs des gens chahuter dans les couloirs. 

    « Je n’aime pas l’idée de te savoir seule ici, » prononça-t-il en tournant le regard vers la vue qu’offrait la fenêtre. « Avoir recours à ton canif de cette façon-là, ça ne me semble pas très normal. »

    « Tu sais bien que je sais me défendre, chiquito, » répliqua-t-elle d’un ton plein d’entrain, tirant légèrement sur le col de son vêtement.

    « Montre-moi ça, » la défia-t-il alors en la saisissant par la gorge.

    Il la poussa en arrière brusquement, la plaquant sur le matelas, ses doigts toujours enroulés autour de son cou. Reina en eut le souffle coupé, et ses yeux croisèrent ceux de Chico juste au-dessus des siens. Ce contact visuel dura un court instant, avant qu’elle ne lui assène un coup de coude dans les côtes, parfaitement visé. Il relâcha sa prise dans un grognement rauque et elle en profita pour attraper plus aisément ce petit couteau resté caché sous son oreiller. Elle le pointa sous la gorge du jeune homme, un sourire malicieux sur les lèvres. 

    « C’est bien ma Reina, ça, » dit-il en lui souriant.

    Et il lui arracha le canif des mains, pour faire glisser la lame sur la joue et puis la mâchoire de la jeune femme étendue sous lui. Elle cru un instant l’avoir irrité, mais il fut distrait par le livre qui reposait près de sa tête.

    « Quelle élève sérieuse, tu travaillais, » reprit-il, comme légèrement étonné. « Tu as peut-être raison, vivre dans ce trou à rats est possiblement bon pour les études. »

    « Oh, si tu savais comme je ne comprends rien aux cours! » se lamenta-t-elle en prenant une moue pleine de désespoir -le couteau continuait de tracer des formes en tout genre contre sa peau. « Je ne vais jamais y arriver. Ça ne t’embête pas de devoir suivre ces cours, toi? »

    « C’est pas si mal que ça, » fit-il pour seule réponse, comme s’il essayait de défendre la décision de son père, qui ne leur avait pas laissé le choix en terme de filière. « S’il se trouve que vous êtes tant en difficulté, je peux peut-être vous donner quelques cours particuliers, mademoiselle. »

    Le canif quitta son menton et Chico se pencha sur elle pour venir l’embrasser. Il fut tout d’abord très doux, puis l’échange s’intensifia, laissant Reina haletante quand il déposa une traînée de baisers sur sa mâchoire, jusque dans son cou. Elle observa le plafond sous les caresses de Chico sur ses hanches, songeant au canif qui reposait sur les draps tout près d’eux et qu’elle pouvait aisément atteindre.

    « Je t’aime, cariña, » fit-il alors dans le creux de son cou. « Et ça depuis que je suis petit. »

    Quatre jours plus tard, Chico emménageait dans une chambre de la résidence, à quelques portes de la sienne. Reina pouvait définitivement dire adieu au peu de tranquillité qu’elle avait. 

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