
TO REBORN, YOU HAVE TO DIE FIRST
RPG-AUSTRALIA


Se frottant à ma jambe, avec tendresse, ronronnant, le chat leva deux yeux vers moi, comme s'il cherchait à me demander pardon pour ce qu'il avait fait. Je restais de marbre, silencieuse, lui jetant un regard noir après avoir observé le massacre; les plants que j'avais fait poussé au fond du jardin étaient à moitié déterrés, déchiquetés, et je savais que c'était lui qui avait fait ça. On le savait tous les deux. Il se pavanait gracieusement à mes pieds, conscient de ce qu'il avait fait, et j'étais presque sûre qu'il était fière de son acte. Lentement, je lui écrasai le bout de la patte et il bondit en arrière, dans un miaulement où se mêlait douleur et aggrésivité. Mais je ne bougeais pas, pour ne pas le brusquer, et faisait même un pas en arrière pour rejoindre la porte de la terrasse. Comme le félin ne semblait pas décidé à m'approcher à nouveau, je me penchai en avant, l'attirant avec un doux sifflement. Il tomba dans le panneau et, avec légèreté, revint vers moi, les yeux méfiants.
Quand je l'eus fait venir sur mes genoux tandis que j'étais assise sur une chaise de la cuisine, mes doigts se mirent à caresser sa douce fourrure brune, quoi que j'aurais dû m'en abstenir, car il était évident que ça le rassurait, l'apaisait. Et je me fichais pas mal de ce que pouvais ressentit cette pauvre bête. Les autres filles de mon âge avaient beau trouver quelque chose de mignon dans cet animal, sa tête féline ne m'évoquait que les dégâts que j'avais trouvé dans le jardin en rentrant des cours. Et j'ajoute que, ça m'a fait de la peine de voir ça. Je les avais moi-même plantés ces graine, je m'en étais occupée, je les avais fait pousser...
Je laissai tomber à terre le corps inerte du chat dont la fourrure si belle était maintenant souillée de sang. Il cogna le sol dans un bruit sourd et une flaque rouge commença peu à peu à se former aux pieds de la chaise. Mes mains étaient elles aussi couvertes de sang, alors je me levai calmement et enjambai l'animal mort pour me poster devant l'évier. Je posai d'abord le couteau ensanglanté sur le plan de travail puis me rinçai tranquillement les mains en chantonnant une chanson.
Quand ce fut terminé, je quittai la cuisine et sortai pour rejoindre mes plants saccagés. Plus tard, ma mère rentra et ce fut avec un visage horrifié qu'elle me découvrit agenouillée, au beau milieu de l'herbe, mon t-shirt tâché de sang, un sourire innocent au coin des lèvres.
« Saviez-vous que les progénitures issues de parents consanguins avaient des risques plus importants de développer des troubles psychologiques? Ce qui semble être la maladie de votre fille s'explique par des facteurs psychologiques, biologiques, génétiques et environnementaux. Il serait donc peut-être possible de trouver la cause de ce trouble si l'on étudiait plus en détails le cas de Talya et si nous fouillons davantage dans son esprit.
Vous savez, ce type de personne peuvent s'avérer dangereuses. Je vous conseillerais donc de voir des spécialistes, des médecins plus qualifiés qui pourraient se charger d'elle. Je sais que cela puisse vous paraître bizarre étant donné la sociabilité et la facilité de communication dont Talya fait preuve, mais sa maladie est bien un trouble de la personnalité antisociable. Ces gens-là ont des facilités à nouer des liens avec les autres. Ils ont le charisme et tout ce qu'il faut pour manipuler. La chose est que leurs relations ne tiennent jamais. Le patient finit toujours isolé. Ce trouble est caractérisé par des émotions peu profondes, un manque d'empathie, de l'égocentrisme, de l'impulsivité, de l'irresponsabilité et de la manipulation. Je le répète; ils n'éprouvent aucun sentiment pour les autres. Toute émotion est ramenée à eux de n'importe quelle façon. Ce problème d'absence d'empathie explique pourquoi ils n'ont aucune morale et donc aucune limite à faire du mal à autrui physiquement et moralement. D'où leur éventuelle dangerosité. Ils agissent toujours avec un but précis en tête. Pourquoi Talya a-t-elle tué ce chat?
- Elle m'a dit qu'il avait saccagé ses plantes.
- Votre fille est une psychopathe, Madame Strickland. »



