top of page

     Les joues ruisselantes de larmes, Octavia était recroquevillée sur elle-même, coinçée entre les parois en acier du placard dans lequel sa mère l'avait enfermée. Elle avait l'habitude de passer ses journées là-dedans, mais elle n'avait jamais cessé de pleurer une fois y être entrée. L'espace était confiné et étroit, si bien qu'elle ne pouvait pas bouger et qu'elle finissait au bout d'un certain temps à avoir du mal à respirer. Elle se noyait dans ses larmes, et ça des jours durants. C'était seulement lorsque Bellamy ne tarderait pas à rentrer que sa mère la faisait sortir de là et prétendait la consoler, la chouchouter, pour faire bonne impression devant son fils aîné. Toutefois, le garçon Blake n'était pas dupe et il savait exactement à quelles horreurs sa petite soeur était confrontée. La mère des deux enfants était une femme de la quarantaine, dépressive, sombrant de plus en plus dans la folie -si c'était possible pour elle de tomber plus bas. Le père, lui, s'averrait être un ivrogne répugnant, dont Madame Blake était éperdumment amoureuse. Chose bien étrange, en sachant qu'il la traitait comme une moins que rien. Il est nécessaire de préciser que cet homme quitta la petite famille suite à la naissance d'Octavia. Bellamy était déjà de trop à ses yeux; l'arrivée d'un second enfant le poussa donc à partir, à les abandonner, sans même prévenir. Ce n'était pas plus mal pour eux, si on considère le fait qu'il était un mauvais père et, tout simplement, un mauvais type. Cependant, la chose qui bouleversa l'existence de ces enfants, ce fut le chagrin de leur mère. Et si encore elle avait pu se limiter à cette tristesse! Elle développa une haine effrayante pour sa jeune fille, lui reprochant d'être la cause du départ de son mari. Certes, ça l'était, mais qui aurait pu imaginer qu'une mère puisse détester son enfant comme la mère d'Octavia l'eut fait? Dès sa naissance, elle fut étranglée par les mains de celle qui l'avait mise au monde. Privée de nourriture durant certaines périodes, cloitrée chez elle depuis ses premiers jours, écartée de l'école depuis toujours, et bien d'autres. Ces derniers-temps, ce que sa mère préférait, c'était l'enfermer ici, verrouillant à clés le placard, de sorte à être tranquille pour la journée, dans le seul but de se morfondre en solitaire, sans avoir l'enfant maudit entre ses pattes. 

     Ce jour-là, il ne fut pas comme les autres. Ce jour-là, Octavia entendit la voix de son frère avant que sa mère ne la délivre du placard. Ce jour-là, ce fut Bellamy qui vint la sortir de là. Alors qu'il cherchait la clé nécessaire à secourir sa petite-soeur, il adressait à cette dernière de douces paroles, réconfortantes, veillant à ce qu'elle ne panique pas plus qu'elle ne l'était déjà. Bientôt, la porte du placard s'ouvrait, un courant d'air frais s'engouffrait dans le meuble et Octavia distinguait le visage de son frère, penché au dessus d'elle, tendant deux bras pour la tirer hors de là. Il la tira de cet espace confiné et l'entoura de ses bras protecteur, séchant ses larmes de son pouce.

     - Où est maman?

     La question semblait importante. Ils restaient silencieux, mais ils savaient tout deux qu'elle faisait naître un sentiment inquiétant en eux. C'était, sans doute, une question à laquelle ils ne voulaient pas de réponse. Même s'ils n'avaient aucunement envie d'être confrontés une fois de plus à leur mère, ils se devaient de savoir où elle était et ce qu'elle faisait. Peut-être avait-elle juste quitté l'appartement, ce qui pouvait être fort probable, ou peut-être s'était-elle assoupie dans la pièce d'à côté...

     Bellamy saisit la main de sa soeur et l'entraîna plus loin, en direction des chambres. Octavia avait les jambes flageolantes, douloureuses suite au temps passé recroquevillée dans un endroit si petit. Bellamy passa en premier, suivit de tout près par la jeune fille Blake. Ce qu'ils découvrirent fut surprenant et horrifiant; la mère des deux enfants était suspendue au cou par une corde, à quelques mètres de là, inerte, la tête tombant vers le bas. Bellamy voulu protéger la sensibilité d'Octavia en passant une main sur ses yeux, mais il était trop tard, elle avait dejà tout vu.

  • icone-lettre-message-enveloppe

© 2023 by RPG-AUSTRALIA. Proudly created with Wix.com

bottom of page